jeudi 27 mai 2010

Les « Peratroussi » bélarussiens

 Perquisition lors des "Peratroussi"

Il y a une semaine, une vague de répression s’est abattue sur le mouvement citoyen ‘Dis la vérité!’ (Havary Praudu!). Dans une vingtaine de bureaux du mouvement un peu partout au Bélarus et presque au même moment, la police a effectué des descentes. De plus, des appartements d’activistes ont été perquisitionnés, du matériel a été confisqué et plusieurs des activistes ont été arrêtés. Le fondateur de cette initiative citoyenne, le renommé poète Ouladzimir Nyaklyayeu (Уладзімір Някляеў), a passé trois jours en captivité. Comme à l’habitude, les autorités ont mis du temps avant de motiver leurs actions. Finalement, les suspects ont été accusé d’avoir « diffusé des informations mensongères sur des produits et services. » Ce qui a suscité beaucoup d’incompréhension, le mouvement n’offrant comme produit ou service que de « dire la vérité »... Partout au pays les experts voient cette vague de ‘peratroussi’ (littéralement : violentes secousses, i.e. des intimidations policières) comme le déclenchement de la campagne présidentielle.

jeudi 20 mai 2010

Pas gai, le Bélarus...


Alors que le mouvement pour la reconnaissance des droits des homosexuels a atteint un grand nombre de ses objectifs depuis maintenant plus de quarante ans en Occident, il se heurte toujours à une grande résistance en Europe centrale et orientale. Sous le régime communiste, l’homosexualité était réprimée et depuis la chute du bloc soviétique, le conservatisme et les préjugés refont librement surface. Les activistes pour les droits des minorités sexuelles, comme on les appelle là-bas, doivent combattre non seulement le conservatisme de la société, mais aussi l’image négative que les citoyens se font de ce qu’est la ‘liberté’ d’orientation sexuelle en Occident. Samedi dernier, à Minsk, c’est avec une choquante violence que les forces spéciales ont interrompu la parade gaie.

mardi 18 mai 2010

Ma détention au Bélarus

 Photo prise en catimini dans la salle de détention


Des jeunes, surtout des gars, dreads, cheveux longs, mais aussi la coupe carrée, écoutent l’exposé d’introduction. Lundi soir, ils sont venus à l’Atelier d’histoire de Minsk pour regarder un film sur une anarchiste active pendant la Guerre civile espagnole de 1936-1939. Peu avant le début de la projection, un officier en civil barre le cadre de porte, encadré par deux adjoints et deux policiers en uniforme. « Qui est le chef ici? », aboie-t-il violemment. « Y’en a pas », répondent avec défiance les jeunes. « Montrez-moi vos documents », commande-t-il d’un ton impérieux en entrant. « Montrez-nous d’abord les vôtres », répliquent du tac-au-tac les jeunes, en ajoutant moqueusement : « Comment peut-on savoir si vous travaillez vraiment pour la police, et que vous n’êtes pas des terroristes? » L’officier n’est pas d’humeur à plaisanter. lI nous dit que apparemment on aurait parlé de cette projection sur un site « sur lequel il s’écrit beaucoup de bêtises... » Le ton de la discussion monte :

mercredi 12 mai 2010

Le Bélarus en fête

Le jour de la victoire est sans doute la fête la plus importante en Russie et au Bélarus ainsi que dans plusieurs regions de l’Ukraine. Elle est aussi fidèlement observée dans plusieurs pays de l’ex-Union Soviétique. Sur le territoire de la République Soviétique Socialiste Bélarussienne, environ le tiers des habitants ont été tués ou blessés lors de ce que les dirigeants soviétiques ont appelé “La Grande Guerre patriotique”. Envahie dès les premiers jours de l’invasion nazie, ses habitants ont vécu sous occupation pendant près de trois ans. Toute personne agée a directement vécu les horreurs de cette guerre. Ce dimanche, le 65e anniversaire de la victoire a été feté en grande pompe. Retour sur cette fête et ses origines.

jeudi 6 mai 2010

Génocide?

Le passage au pouvoir de Viktor Iouchtchenko n'a pas changé le visage de l'Ukraine autant que le peuple l'espérait, et son résultat lors du premier tour en dit long sur la déception des citoyens. Une des promesses du président fut cependant concrétisée: celle de donner au pays une nouvelle mémoire historique, Une visite du nouveau monument-musée du Holodomor (meurtre par la faim) permet de mieux comprendre cette vision de l'histoire nationale. Au début des années 30, lors de la collectivisation des terres menée par Staline, la paysannerie ukrainienne fut décimée par la famine causée par les réquisitions forcées. Il s'agissait de briser la résistance des paysans des riches terres noires qui s'opposaient à l'organisation de fermes collectives. Environ 3,4 millions de personnes moururent de faim dans la République soviétique socialiste ukrainienne. Et sous Iouchtchenko, l'Ukraine voulait faire reconnaître cette tragédie comme un génocide envers le peuple ukrainien et en faire un des piliers de l'identité nationale.

lundi 3 mai 2010

Mémoire fragmentée


 À Kiev, en Ukraine, les différentes interprétations de l'histoire se côtoient et se font concurrence. À chacun ses victimes et ses héros, dans un mélange parfois surréaliste. Le site de Babi Yar constitue un bel exemple de cette mémoire fragmentée. Dans ce qui était à l'arrivée des Allemands une carrière à l'écart de la ville, plus de cent mille personnes ont été abattues à bout portant. Si la majorité des victimes était juive, Babi Yar fut aussi le dernier arrêt pour partisans, Roms, civils innocents, nationalistes ukrainiens et ecclésiastiques. Et à chacun son mémorial... Et sa mémoire...